Julien Bedane
"Il faut arriver à garder son niveau de passion dans un domaine qui s'est beaucoup industrialisé"
Les débuts
"Je suis passionné de son depuis toujours. Déjà quand j'étais gamin, j'enregistrais une émission de radio tout seul dans ma chambre. En 1995-1996, je suis entré à l'EMC Malakoff, l'une des rares écoles qui formaient à la sonorisation live. En parallèle, j'ai suivi un long stage au Palais des Congrès de Paris. C'était une plateforme par laquelle transitaient tous les professionnels aguerris. Grâce aux rencontres que j'y ai faites, j'ai pu glisser progressivement vers la logistique et la régie."
Partis pris
"Mes connaissances m'aident à appréhender un certain nombre de problèmes techniques et à prendre des décisions sans être dépendant des ingénieurs du son. Je me suis aussi beaucoup intéressé à la lumière afin de gagner en autonomie. Ces savoir-faire sont des atouts pour communiquer avec mes collègues. Ils me permettent aussi de m'adapter à des projets très variés plutôt que d'être perçu comme le spécialiste d'un seul type de montage."
Anecdote live
"Il y a longtemps, je suis parti en Asie pour suivre une tournée de Sergent Garcia organisée par les centres culturels français. À Surabaya en Indonésie, l'événement devait avoir lieu devant la mairie, sur une immense place, le jour de l'anniversaire de la ville. Nous sommes arrivés deux jours avant pour la réunion de vérification, après un mois d'échanges infructueux par mails. Nos interlocuteurs étaient très fébriles. On s'est rendu compte que tout leur matériel tenait dans un petit fourgon et que la scène se résumait à un podium de 5 mètres carré ! On a du revoir toute l'organisation pendant la nuit en faisant venir des prestataires de Djakarta. Et le jour du concert, on a accueilli 30 000 personnes."
Le temps fort
"Pendant les concerts, j'ai pris l'habitude de regarder les spectateurs du premier rang. Il y a toujours quelques originaux complètement acquis à la cause de l'artiste, et d'autres ultra-fans mais plus statiques, qui ont l'air très impressionnés. Je reviens les observer à la fin du spectacle pour voir ce qui a évolué."
Le coup de blues
"Ce métier devient plus difficile avec le temps. Quand j'ai commencé, j'étais célibataire et je ne comptais pas mes heures. J'étais super content de travailler dix jours de suite sans faire de pause. Depuis que j'ai une famille, je ne peux plus fonctionner comme ça. J'essaie de concilier les deux du mieux que je peux. Aujourd'hui, je ne peux plus dire "oui" à un projet pour lequel je n'ai pas un véritable intérêt artistique".
#PLUSQUEJAMAIS
"Il faut arriver à garder son niveau de passion dans un domaine qui s'est beaucoup industrialisé. On est confronté en permanence à des contraintes budgétaires, des lignes dans des tableaux Excel. C'est moins rock'n'roll qu'avant. Mais je continue de me nourrir des rencontres avec les équipes locales. On y trouve toujours des personnages intéressants."