Freddy Lamotte
« Un album réussi, ce n'est pas une addition de personnes mais une alchimie entre des talents. »
Les débuts
« Quand j’étais étudiant, je n’avais que des potes fanatiques de musique et je passais beaucoup de temps à écouter des CDs au Virgin et à la FNAC. Il se trouve que mon beau-frère, qui était musicien, a signé chez Fnac Music Editions et m’a proposé de devenir manager de son projet. Je n’y connaissais rien, mais comme j’aime l’aventure, j’ai lu des bouquins et je me suis lancé. Ça a commencé par une petite tournée en Bretagne. Puis j'ai fait la connaissance du producteur du groupe qui, au cours d'une soirée bien arrosée, a dit qu'il montait un studio d'enregistrement et cherchait peut-être quelqu'un. Le lendemain, il avait tout oublié, mais pas moi. J'ai fait le sitting devant son bureau et l'ai supplié à genoux jusqu'à ce qu'il m'engage. »
Partis pris
« Ce qui me semble important, c'est d'avoir de l'enthousiasme et une bonne dose d'inconscience. Après, c'est beaucoup de travail. Mon boulot chez Flam est de mettre en connexion des gens. Quand je rencontre un artiste, je le fais parler pour essayer de le comprendre. Ensuite, en fonction de mon ressenti, je l'oriente vers tel ou tel collaborateur. Un album réussi, ce n'est pas une addition de personnes mais une alchimie entre des talents. »
Anecdote live
« Il y a quelques années, on s'est occupé d'une tournée de Christophe Miossec avec l'Orchestre Lyrique d'Avignon. Il reprenait une partie de son répertoire avec ces 80 musiciens dans les grandes villes du sud-est. Le tout était arrangé par Joseph Racaille. Miossec fait partie de ces artistes pour qui j'ai beaucoup de respect. Ce n'est pas une star qui fait des caprices mais un mec à fleur de peau. »
Le temps fort
« Mon moment préféré, c'est très clairement quand un artiste me rappelle pour me dire que tout se passe bien avec le réalisateur. Quand le résultat de cette rencontre donne un bel album, j'ai le sentiment d'avoir servi à quelque chose. »
Le coup de blues
« S'il y a un truc chiant, ce sont les angoisses de fric. Je n'avais pas d'argent quand j'ai commencé, Flam a été entièrement financé par des emprunts bancaires. J'y suis allé sans trop réfléchir et me suis mis des dettes colossales sur le dos. Quand la crise est arrivée, je m'en suis voulu terriblement. J'ai passé deux ans à ne pas dormir. Si j'avais pu me dérober, je l'aurais fait. Et puis à nouveau, maintenant, je me dis que c'était la bonne décision. »
#PLUSQUEJAMAIS
« La crise du disque a été extrêmement violente puisque le marché a perdu 65% de son chiffre d'affaires en 5 ou 6 ans. Aucune autre industrie n'a vécu un tel traumatisme ! Aujourd'hui, j'ai l'impression qu'on a touché le fond et qu'un nouveau modèle économique est en train de s'installer. Les cartes ont été redistribuées et c'est tant mieux parce qu'on a remis la musique au cœur des préoccupations. Ceux qui restent sont ceux qui font ce métier par passion. »