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Pierre Caron
Crédits photo : © Philippe Lévy

Pierre Caron

Producteur audiovisuel

"Comme pour un producteur de spectacles, ce qui importe n'est pas la signature du contrat mais le moment où l'artiste entre en scène"

 

Les débuts

"Je pense à la musique du réveil au coucher. Au départ, j'ai été disquaire à Lyon, puis représentant pour une petite maison de disques qui s'appelait PIAS. A l'époque, il n'y avait qu'une dizaine d'employés. Ensuite, j'ai intégré le service marketing de Virgin/EMI pendant une dizaine d'années, au cours desquelles j'ai occupé tous les postes possibles. En 2006-2007, la manière dont l'industrie du disque fonctionnait me plaisait de moins en moins. Je me suis posé la question d'arrêter. C'est alors que Séquence m'a proposé de les rejoindre. Ils maîtrisaient les aspects techniques et artistiques de la vidéo mais avaient besoin de quelqu'un qui pouvaient faire des liens avec l'industrie du disque."

 

Partis pris

"Aujourd'hui, la vidéo est un élément prépondérant dans la vie d'un festivalier.  Notre boulot est de gérer l'intégralité de la prestation : monter les écrans, être l'interlocuteur de la chaîne télé partenaire, créer du contenu additionnel pour la presse ou le web, imaginer des solutions de streaming in situ… On est souvent considéré comme des fauteurs de trouble car peu de gens comprennent que la vidéo nécessite des moyens énormes, tant humains que techniques et financiers.

 

Anecdote live

"Il y a quelques années, sur un festival à Arras, j'ai fait venir un grand réalisateur anglais, Dick Carruthers, pour qu'il réalise les écrans live. Je me souviens que Julian Casablancas, au milieu de son set, a demandé au public d'arrêter de regarder les écrans et de se concentrer sur son jeu de scène. Je comprends sa frustration mais c'était hyper valorisant pour nous !"

 

Le temps fort                                              

"Le moment le plus jouissif est celui où l'idée qu'on a eue au début de la production devient réelle. Comme pour un producteur de spectacles, ce qui importe n'est pas la signature du contrat mais le moment où l'artiste entre en scène. Même s'il y a toujours un baby blues puisqu'il s'agit d'événements évanescents. C'est pour ça que je tiens à mettre en avant le caractère patrimonial de la vidéo live. Seuls deux concerts d'Amy Winehouse ont été filmés, dont l'un par Séquence. Selon moi, c'est un grand apport au patrimoine populaire mondial".

 

Le coup de blues

"La difficulté principale est justement de convaincre les maisons de disque de la valeur patrimoniale du contenu vidéo, en dehors du clip. Leur approche est hyper pragmatique, elles cherchent la rentabilité immédiate. Et souvent, un film live ne rentre pas dans leur modèle. Les industries du disque et du spectacle bossent trop peu ensemble, bien que leur matériau de base soit le même. C'est parfois frustrant."

 

#PLUSQUEJAMAIS

"L'image est de plus en plus omniprésente dans notre société. Le Los Angeles de Blade Runner, c'est le Paris d'aujourd'hui. Du coup, quand tu bosses dans l'image, tu peux te dire que ton avenir est assuré. Sauf qu'il est difficile d'émerger dans cet univers qui n'est pas encore structuré et où la plus-value artistique n'est pas toujours perçue. Mais je reste confiant. Quand une image est réussie, on le ressent dans notre inconscient. Investir dans la qualité est toujours payant."

 

Interview réalisée par Michael Patin