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Willy Poilane
Crédits photo : © Philippe Lévy

Willy Poilane

Responsable de la société de tourbus No Limites

"La finalité, c'est le spectacle. Et c'est toujours un pari."

 

Les débuts

"Ma formation d'origine, c'est la logistique. J'ai d'abord travaillé dans le transport d'aliments pour le bétail. Quand j'ai voulu monter mon entreprise, l'autocar me paraissait intéressant pour son côté humain et convivial. L'idée était d'apporter à des équipes un véhicule plus confortable que ce qui se faisait à l'époque. Ça aurait aussi bien pu être des sportifs que des musiciens. Il se trouve que le vendeur de mon premier véhicule à couchettes m'a proposé de faire la tournée de Matmatah. C'est là que j'ai découvert ce milieu et ce métier."

 

Partis pris

"Il est important d'être un bon conducteur parce qu'on gère des véhicules de 14 mètres, avec souvent des remorques pour le backline. Les accès ne sont pas toujours faciles, on doit stationner en pleine rue à Paris ou s'installer au milieu d'un champ dans les festivals, ça peut être assez rock'n'roll. Il faut aussi vouloir partir pendant de longues périodes. L'inconfort est amplifié par rapport aux autres chauffeurs de bus."

 

Anecdote live

"Je garde un bon souvenir d'Amadou et Mariam, avec qui je suis parti loin, jusqu'en Norvège. Lors d'une longue nuit, je traversais des paysages magnifiques alors que tout le monde dormait, dans cet état proche de la méditation que provoque la conduite. Tout à coup, j'ai senti une main sur mon épaule qui m'a fait sursauté. C'était Amadou, descendu de sa couchette à l'étage sans faire de bruit, malgré sa condition d'aveugle. On a passé un moment à discuter, face à ce paysage qu'il ne pouvait pourtant pas admirer."

 

Le temps forts

"La finalité, c'est le spectacle. Et c'est toujours un pari. Quand le public est au rendez-vous et que l'émotion se diffuse à outrance, ça prend aux tripes. À ma petite échelle, je fais partie d'une équipe et je finis par me prendre au jeu. Je peux partir sur une tournée sans avoir d'affinités musicales avec le groupe, mais à force de le côtoyer, je découvre son histoire et mon regard change."

 

Le coup de blues

"Le plus dur reste le relationnel. Il faut savoir s'adapter à différentes typologies d'équipes. Ce n'est pas pareil quand on conduit un petit groupe, dans lequel règne une ambiance familiale, et un artiste, qui voyage avec beaucoup de monde, ce qui crée des sous-groupes et multiplie les questions d'égo."

 

#PLUSQUEJAMAIS

"Les véhicules ont énormément évolué en quinze ans. C'est la course au confort, ce qui est positif en soi, mais pas toujours vraiment utile. Ça correspond à la société actuelle, on aime bien tout ce qui est gadget. Beaucoup de groupes de transport apparaissent et peinent à durer dans le temps. Moi, j'essaye de garder une dimension humaine. On me propose beaucoup de projets, dans des configurations très variées. Restent les problèmes de législation : on doit respecter à la fois les normes françaises et européennes, qui ne sont pas forcément compatibles !"

 
Interview réalisée par Michael Patin