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Crédits photo : © Philippe Levy

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Runner

"Pour faire ce job, il n'y a pas besoin de formation. Il faut être réglo avec la thune, être aux petits soins avec les artistes et savoir la fermer parce qu'on entend pas mal de choses."

 

Les débuts

"Un jour, je voulais voir Bashung dans une salle à Clichy et j'ai demandé une invitation au programmateur, qui était un voisin. Il m'a demandé si j'étais libre ce jour-là et m'a proposé de venir travailler et d'être payé tout en voyant le concert. Je me suis retrouvé pour la première fois à pousser des caisses dans un théâtre pour le montage et le démontage. Fin 89, j'avais déjà un fourgon. Un de mes potes qui était runner – l'un des premiers en France à faire ce boulot – avait besoin d'un gars pour l'aider à s'occuper des loges de Scorpions à Bercy. On a commencé à travailler en binôme avec Mogli Spex et j'ai appris le métier sur le tas."

 

Partis pris

"Pour faire ce job, il n'y a pas besoin de formation. Il faut être réglo avec la thune, être aux petits soins avec les artistes et savoir la fermer parce qu'on entend pas mal de choses. Je suis celui qui fait le lien entre le monde du dedans et le monde du dehors. Moi, je m'en fous d'apprécier ou non les artistes. Je sais que je ne vais pas voir leur concert en entier parce que je serai en train de bosser. Ce qui m'intéresse, ce sont les gens avec qui je travaille et qui me font confiance."

 

Anecdote live

"En 2012, je suis parti en tournée avec Shaka Ponk. Le groupe donnait une énergie physique et mentale énorme sur scène. J'étais habitué à gérer des grosses demandes pour les loges, parfois proches du caprice – mais je comprends ça, les artistes sont brinqueballés de ville en ville et doivent se concentrer sur leur set. Au contraire, Shaka Ponk ne demandait presque rien. Un petit plateau de crudités et de charcuterie, quelques sandwichs, de l'eau et c'est tout. La bouteille de whisky, c'était pour les techniciens ! Ils font partie de ces rares artistes à avoir su rester simples dans le milieu du show biz. Là, j'étais impressionné."

 

Le Temps fort

"Le moment de satisfaction suprême, c'est quand il est 23 heures, minuit ou 1 heure du mat' et qu'on me dit : c'est bon, tu peux rentrer chez toi. Et quand ça arrive avant même le début du concert, c'est merveilleux ! Le reste, ce sont des satisfactions humaines liées aux relations que je peux avoir avec un cuisinier, un roadie ou un chargé de production."

 

Le Coup de blues

" Les gens qui m'embauchent n'ont plus les coudées franches comme avant. Ils sont plus stressés. Beaucoup de sociétés de productions sont rachetées par des boîtes plus grosses, ce qui crée des rigidités. Dans le temps, il y avait une impression de famille dans la musique. C'était un leurre mais c'était sympa. Et ça existe de moins en moins. "

 

#PLUSQUEJAMAIS

"Pendant longtemps, on était 4 ou 5 runners à Paris, aujourd'hui on est 20 et c'est dur de s'en sortir. L'hyper-professionnalisation fait que plein de jeunes arrivent alors qu'il n'y a pas suffisamment d'activité. Ça pousse les anciens comme moi vers la sortie. J'ai commencé à faire du merchandising, j'aime bien, j'ai l'impression de jouer à la marchande et ça me permet d'avoir une forte proximité avec le public. Je fais aussi un peu de déco et de la régie sur de l'événementiel ou des défilés de mode. Comme je suis intermittent, je vais là où les cachets m'emmènent."

 
Interview réalisée par Michael Patin