En poursuivant votre navigation sur ce site, vous acceptez l’utilisation de cookies notamment pour réaliser des statistiques de visites afin d’optimiser la fonctionnalité du site.
Ariane Ancri
Crédits photo : © Philippe Levy

Ariane Ancri

Chargée de production

"À ce moment-là, je m'en foutais d'être debout depuis 5 heures, d'avoir froid et les pieds mouillés. Je ne pensais plus à rien."

 

Les débuts

"Mes parents ne voulaient pas qu'on ait la télé et ils détestaient la musique destinée aux gamins, comme Chantal Goya. À la place, ils nous faisaient écouter plein de disques, des Beatles à Jorge Ben en passant par Gainsbourg. Mon grand-frère, qui a quatre ans de plus que moi, était à fond dans le Punk et la New Wave, je me suis mise très jeune à écouter ce qu'il écoutait. J'ai fait des études qui n'avaient rien à voir avec la musique. Après ma maîtrise, je suis partie à New York sans vraiment savoir quoi faire. Il y a eu un moment de flottement. Comme j'avais toujours baigné dans la musique, j'ai cherché un moyen d'en faire mon métier. Je suis rentrée à Paris où j'ai débuté comme assistante d'une attachée de presse indépendante, puis dans le marketing en maison de disque, avant de rejoindre Alias comme chargée de production et de booking. C'était il y a 12 ans : le métier était moins défini et j'ai eu la chance d'apprendre en touchant à tout."

 

Partis pris

"J'ai beaucoup d'autonomie sur le choix des projets que je défends. Une grosse partie de mon catalogue, ce sont des artistes que j'ai signés. Cela ne veut pas dire que je suis fan de tous, mais je pense qu'ils ont un potentiel ou un talent évident que j'ai envie de creuser. La part d'humain est hyper importante dans ce métier. J'essaye de côtoyer des gens qui ont quelque chose à dire."

 

Anecdote live

"Le groupe Savages est l'un des groupes qui me fait toujours autant d'effet en concert. Je travaillais déjà avec Jehnny Beth et Johnny Hostile quand ils avaient lancé le duo John & Jehn. J'aime beaucoup leur évolution, la manière dont ils investissent la scène, ce qu'ils choisissent d'incarner. Devant leurs prestations, je ne me sens pas différente des spectateurs qui sont venus pour le plaisir."

 

"Cet été, j'étais à la Route du Rock et il y avait Ride, un vieux groupe que j'adorais à l'époque. En général, j'évite de voir mes anciennes idoles en concert, mais pour le coup c'était trop bien. Ils avaient un super son et étaient à bloc. À ce moment-là, je m'en foutais d'être debout depuis 5 heures, d'avoir froid et les pieds mouillés. Je ne pensais plus à rien."

 

Le Temps fort

"Le matin vers 10h, quand on met un concert en vente et qu'on voit que ça décolle, c'est vraiment euphorisant. Toute la structure est en ébullition. C'est toujours bon signe de voir qu'il y a des groupes qui suscitent l'engouement, ça prouve que les gens ont envie d'aller au concert, que c'est quelque chose d'important. Bien sûr, l'idée n'est pas de passer à autre chose 6 mois plus tard, j'essaye de construire des histoires sur la longueur."

 

Le Coup de blues

"J'aime les gens capables d'être très cash avec leurs goûts musicaux. Qu'il s'agisse de programmateurs de salle ou de festivals, je préfère qu'on me dise clairement si on n'aime pas un groupe que je défends. Certains interlocuteurs sont fuyants, ils tergiversent pour ne pas vexer et au final c'est une perte de temps."

 

#PLUSQUEJAMAIS

"Le métier du live a beaucoup évolué avec le développement des réseaux sociaux, la chute du disque, la revalorisation du live, la multiplication des systèmes de billetterie… 12 ans après mes débuts, je continue d'avoir de la curiosité, de me prendre des claques en concert et de ressentir de l'enthousiasme pour les personnalités que je rencontre. C'est pas évident de se projeter sur le long terme. Certains s'inquiètent du développement du streaming qui permet de diffuser les shows en direct. Moi, je pense que les gens auront toujours besoin de se rassembler pour vivre une émotion collective. C'est un besoin primaire, qui n'a pas besoin d'être intellectualisé."

 
Interview réalisée par Michael Patin